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Salsabil Klibi: L'amendement de la Constitution n'est pas la solution

Salsabil Klibi, professeur de droit constitutionnel, a déclaré, dans Midi Show de ce mardi, que la paix sociale est menacée en Tunisie pour des raisons essentiellement économiques et le discours politique qui dépeint cette crise ne contribue pas à instaurer cette paix.

Elle a souligné que la Tunisie est à l'aube de jours difficiles, surtout après la guerre en Ukraine, qui a des répercussions directes sur le pays et qu'il est donc nécessaire d'établir la solidarité sociale et de rester à l'écart du discours de l'incitation.

L'invitée de Midi Show a noté que la priorité, aujourd'hui, est économique et que tous les efforts, les énergies humaines et les moyens matériels doivent être conjugués dans ce sens, avant de penser à réviser la Constitution.

"Je n'ai pas l'impression qu'on est dans une année électorale, car l'Instance électorale n'a pas de calendrier pour organiser des élections, qui doit inclure des étapes qui ne sont pas claires, jusqu'à aujourd'hui", a-t-elle estimé.

Elle a souligné que le discours du 25 juillet est basé sur la nécessité d'un changement radical et global du paysage institutionnel, qui se reflétera nécessairement sur la scène politique et qui va à l'encontre des meilleures pratiques.

Organisation d'élections législatives en urgence

Concernant la révision de la Constitution, Salsabil Klibi a indiqué que le discours du président de la République n'est pas clair et que la question est toujours ambiguë, soulignant que la Constitution actuelle est toujours en place et que la meilleure preuve en est l'activation d'articles qui y sont inscrits, par Kaïs Saïed.

Elle a aussi parlé du comité consultatif en rapport avec le référendum et la modification du texte de la Constitution actuelle ou à la rédaction d'une nouvelle Constitution, soulignant qu'il n'existe aucun texte, aujourd'hui, qui clarifie et réglemente le fonctionnement de ce comité et sa composition.

Klibi a, par ailleurs, indiqué que le chef de l'Etat nommera par décret ses membres et qu'il le consultera sans être obligé de mettre en œuvre ses suggestions.

"Il est souhaitable que les travaux du comité soient publics et que ses travaux soient dévoilés à l'opinion publique par le biais de communications ou de déclarations pour la consulter, afin d'assurer la transparence", a-t-elle expliqué.

Le professeur de droit constitutionnel a, d'un autre côté, souligné que le calendrier annoncé par le président de la République par rapport aux étapes de réforme est très étendu, même si la Tunisie vit dans un état d'exception, considérant que la question de la révision de la Constitution est très secondaire par rapport à l'actuelle situation sociale et économique.

Salsabil Klibi a enfin estimé que le texte du référendum n'est pas clair jusqu'à aujourd'hui, considérant que la question la plus urgente est l'organisation d'élections législatives anticipées, afin que la Tunisie puisse sortir de l'état d'exception et pour fournir un espace qui garantisse un débat public commun sur la situation nationale et l'échange des points de vues pour assurer la démocratie.